Je comprends bien que tu te poses des questions, qui ne s'en pose pas? Heureusement que nous doutons, c'est ce qui nous fait avancer. La difficulté nous rend toujours plus forts. Je ne veux pas me poser en moralisateur ou en donneur de leçons, ce n'est pas mon rôle et tu n'en aurais rien à faire. Par contre je souhaite vivement te soumettre quelques pistes de réflexion.
Tu sais, moi aussi je doute de ma foi parfois, à quoi bon tout cela? Qu'est-ce que Dieu peut bien avoir à faire dans notre vie alors que tout (société, études, amis...) nous démontre que l'on peut très bien vivre sans lui.
J'ai connu beaucoup de gens dans ma vie, lorsque je travaillais à l'université j'ai fréquenté des personnes de très haute tenue intellectuelle. Certains étaient chrétiens, d'autres pas. Ce n'étaient pas forcément les plus intelligents qui étaient athées, ce n'étaient pas forcément ceux qui étaient chrétiens qui étaient les plus généreux ou les plus gentils. C'est la diversité du monde, je ne juge aucun d'eux. Pourtant tous ces gens me renvoient à mon propre engagement. Je ne suis pas chrétien parce que c'est facile de croire (certains pensent que croire évite de réfléchir, il faut pourtant bien réfléchir pour savoir en quoi on croit), je ne suis pas chrétien parce que quelqu'un me l'a imposé, je suis chrétiens parce que je l'ai choisi. Parce que je crois que l'enseignement de Jésus est exigeant mais qu'il libère et rend plus fort.
Tous ceux qui pensent que croire est une faiblesse se trompent. Croire c'est dur. C'est déstabilisant. Ca fait douter. Et pourtant combien de grands hommes et de grandes femmes ont cru. Combien de personnes qui n'avaient pas besoin de Dieu ont choisi de lui donner une place. Des philosophes, des artistes, des scientifiques de renom se sont un jour trouvés face à cette question: "et si c'était vrai?". Ceux qui ont choisi de se dire "oui c'est vrai" n'ont pas choisi la voie de la facilité et parfois derrière la contradiction apparente ils ont trouvé une raison de regarder le monde avec des yeux différents. Lorsqu'on place Dieu au cœur de notre regard on redécouvre combien le monde est beau et combien l'homme est important. Être chrétien ce n'est pas avoir une foi solide et inébranlable, c'est recevoir les paroles de Jésus et se dire "c'est important", "c'est grand", "ca peut faire peur mais ca fait aussi espérer". C'est aussi prendre conscience qu'on aura toujours du mal à être à la hauteur de ce qui est demandé, mais on veut aller dans cette direction car cela a du sens pour nous ici et maintenant.
Bien souvent on est confronté, comme chrétiens, aux incohérences, aux horreurs même commises au nom du Seigneur. On rencontre des gens qui s'affirment chrétiens mais qui le vivent bien peu. Malgré tout cela on essaie d'aller plus loin en fixant notre regard et en tournant nos cœurs vers un grand barbu qui vagabondait sur les chemins de Galilée il y a deux-mille ans. Quand on raconte son histoire, quand on entend ses paroles on se dit que ça peut valoir le coup de se dire que c'est vrai tout cela. Je ne parle pas de croire dans un Dieu lointain et inconnu qui n'existe que parce qu'on y croit, je parle de paroles simples qui construisent un projet auquel on veut participer. Jésus n'est pas venu nous parler dans le fracas du tonnerre, dans la mer qui s'ouvre en deux, dans les grands miracles, il est venu nous voir comme un homme parmi les hommes, il parlait de choses simples: des semeurs, des bergers, du pain, du vin, la vie, la mort, l'amour, la sueur, le sang. Il nous parle de courage, de don, de confiance, de peur, de doutes, d'espérance, de fraternité... Croire c'est découvrir que tout cela s'adresse encore à nous aujourd'hui. Les choses grandiloquentes et extraordinaires ne sont là que pour ceux qui ne croient pas, pour ceux qui ne se contentent pas de la simplicité de l'amour donné par Dieu en Jésus Christ, c'est ce que nous racontent les Evangiles.
Enfin, j'en terminerai ainsi, Dieu nous donne à chacun un don au dessus de tous les autres, celui de la liberté. On est tellement libres qu'on peut refuser de croire en lui... On peut refuser son amour, sa confiance, son exigence. Mais si dans un coin de notre cœur on a gardé une petite particule qui s'accroche à l'idée que Jésus nous apporte un mieux, un idéal, alors tout le reste est à construire.
Pose-toi donc des questions. C'est grand, c'est beau, c'est courageux de ne pas croire ce qu'on nous dit de croire mais de rechercher personnellement la vérité. Dans ta recherche n'oublie pas de feuilleter l'Evangile qui est le cœur de notre foi, regarde avec tendresse ce grand barbu un peu farfelu qui s'adresse à chacun de nous en général et à toi en particulier: "et si c'était vrai?... ce serait beau quand même".
N'hésites pas à venir encore à l'aumônerie, ensemble on est parfois plus forts. Puisque Jésus n'a jamais refusé d'accueillir ceux qui doutent de lui, ce n'est pas moi qui me permettrai de le faire. Venir c'est déjà important quel que soit ton cheminement parce que nous sommes heureux de t'avoir à nos côtés pour s'amuser, pour partager et pour réfléchir.
Sébastien